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"CONTES POUR ENFANTS et AUTRES SUCRERIES" exposition du 10 au 22 avril 2015
Ce sont de petites histoires, ou des histoires courtes, comme des nouvelles, un genre subtil et raffiné... SOASIG CHAMAILLARD et AGNÈS VANDERMARCQ
AGNÈS VANDERMARCQ
Ce sont de petites histoires, ou des histoires courtes, comme des nouvelles, un genre subtil et raffiné. Il y est question de géographies, d’archives, de lettres oubliées et de cartes postales, de bulletins scolaires et de greniers solitaires. Mais il s’agit également d’un travail sur une mémoire teintée de nostalgie. Celle de l’enfance qui fut et qui n’est plus. L’enfance liée à une époque, à un entre-deux, celui de la boucherie de la Grande Guerre et du spectre de la Seconde. Un temps où l’on panse encore ses plaies en tentant de les oublier ; une enfance tournée vers l’avenir avec les séquelles d’un passé trop proche où les familles se recomposent comme elles peuvent, souvent sans hommes et dans lesquelles les femmes jouent plusieurs rôles, comme les aînés responsables dans les fratries où les plus jeunes peuvent peiner parfois à se frayer un chemin, troupeaux d’enfants pour certains orphelins. Pourtant, la joie demeure et transparaît sur ces visages empreints de gravité parce que les enfants sont aussi des enfants.
L’art d’Agnès Vandermarcq est là, technique, précis (tempera, gravure et collage) fixé sur ces enfants « échassiers » aux jambes infinies et aux mains fortes. Le trait est sûr, la maîtrise complète et les supports multiples et de taille variée comme ces feuilles grand format de papier kraft qui accrochent le blanc ou ces pages arrachées à un cahier sur lesquelles figurent les ébauches de personnages eux-mêmes témoins d’une vie en espérance. Jean-Pierre Delest
« Tout a commencé par une rencontre, celle d'enfants inconnus, qui m'attendaient peut-être... à la manière de Modiano, cette manière qu'il a de mener une enquête sur des personnages trouvés par hasard, la futilité de cette quête et dans le même temps l'importance qu'elle revêt pour lui.
En avril dernier, j'ai trouvé dans une brocante un lot de photos. Clichés d'enfants issus de familles nombreuses, datés 1924 au dos. Au gré de ces photographies, je retrouve ces enfants de l'entre-deux-guerres dans des situations différentes ; je commence à m'intéresser à leur histoire... aux sentiments qui les animent, à leurs liens et affinités ou rivalités, en somme à tout ce qui fait une fratrie. Une envie de comprendre ou d'imaginer leur histoire et à travers eux de raconter l'enfance. Ainsi est née cette série. Viennent ensuite les recherches dans des carnets, les gravures, le besoin de leur associer des paysages, un territoire. Je ne crois pas que l'on puisse parler d'innocence pour ces enfants, au contraire, je crois qu'ils étaient déjà pleins de responsabilités. Les aînés en charge des cadets. C'est ce que je veux montrer avec ces mains très grosses, presque disproportionnées comme pour signifier leur âge adulte avant l’heure. L'enfance n'est pas qu'innocence. Tour à tour, inquiétude, colère puis tendresse et gaieté, nous la portons toute notre vie, d'où ces longues jambes qui entraînent vers et dans le monde des adultes tout en supportant celui de l’enfance. » Agnès Vandermarcq
SOASIG CHAMAILLARD
« Il s'agit, comme bien souvent dans mon travail de ramener la femme au premier plan. Je crois qu'on peut dire qu'il s'agit d'un travail assez féministe ! Dans cette optique, la sainte Vierge devient le symbole ultra reconnaissable et respecté de « La femme ». Bien que les statues que je récupère ne soient pas des objets uniques, puisque réalisées en série à l’origine, chacune a une histoire qui lui est propre. On peut imaginer… Elle a eu sa vie, investie d’un pouvoir mystique peut être, posée sur le buffet, à coté de la danseuse de flamenco, elle a vu le gigot du dimanche sur la table, et la balle du chien lui décapiter la tête et puis elle s’est dévalorisée, vendue pour quelques euros sur une brocante. En la récupérant, je change son destin, je la rends unique, d’une façon différente. Je fais mes expériences, mes associations, et m’amuse tout en essayant de donner du sens. Avec le temps, j’ai constaté les émotions que mon travail suscite. Certains peuvent être choqués, d’autres sont aussi émus, quelque soit leur croyance. Chacun possède une histoire personnelle avec la foi et de cela dépend leur réaction face à mes détournements. Mon travail n’a pas la prétention d’apporter des réponses, il soulève des questions, de foi, de femmes, de société, du XXIème siècle. Par exemple, dans le cas de Sainte Goku, « Je suis forte » est son message. Ici encore, il s’agit d’une statue de sainte vierge de récupération, restaurée puis transformée. Son allure particulière, avec ses cheveux en pointes, ses sourcils, ses vêtements orange, sa queue de singe, lui vient du personnage San Gokû, créé par Akira Toriyama qui lui donna cette apparence dans le manga Dragon Ball paru dès 1986, lui même inspiré par un roman chinois du XVIème siècle, intitulé « Le voyage en occident ». Le personnage de San Goku est pour moi le symbole de la Force, mentale et physique. La force doublement masculine, puisqu’il a en plus, une queue de singe, qui lui confère une force supplémentaire hors du commun. Parce que je vois trop de héros auxquels on attribue cette force, et trop peu d’héroïnes, je souhaite donner un élan. Je veux voir les femmes revendiquer la force. Et moi aussi, peut-être comme une prière, je désire être cette femme forte. Au japon, on écrit et on affiche, au temple par exemple, les idéogrammes (Kanjis) symboliques, qui expriment les souhaits à réaliser. C’est pourquoi j’ai remplacé le kanji d’origine qui était placé sur le vêtement de San Gokû, par un autre kanji qui se lit « Rin » (prononcer Line) et qui signifie la Force : 凛 » Soasig Chamaillard
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