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- EXPOSITION "Accords sensibles" - par DELPHINE BRABANT (sculpture) et JEAN PIERRE PORCHER (photographie) exposition du 18 novembre au 8 décembre 2015
ACCORDS SENSIBLES
Originaire de Lille, Delphine Brabant est issue d’une famille d’artistes peintres. Très tôt, elle se tourne vers la sculpture. Elève de Jean-Marc Lange dans les années 1990, son apprentissage s’est d’abord concentré sur le modelage d’après modèle vivant. Alors encore attachée à la représentation de la figure humaine, Delphine Brabant débute ses recherches autour des notions de groupe et de verticalité et commence par façonner des sculptures où s’élèvent des « forêts d’Êtres » élancées. En quête d’un certain élan ascendant, mais toujours inspirée par la verticalité, elle s’éloigne peu à peu de la figuration pour privilégier l’abstraction avec des formes géométriques et épurées laissant apparaître l’image d’un édifice. Imprégnée de l’idée de construction, Delphine Brabant compose ses sculptures à la manière d’un architecte en assemblant et imbriquant multitudes de formes aux lignes simples. À la recherche d’une composition harmonieuse, elle s’attache pourtant à la contradiction des forces. Dans le même sens, elle confronte les matières, parfois nobles et pérennes, parfois brutes et détournées. L’artiste travaille le bronze, l’acier, le béton, le plâtre, l’argile mais aussi la pierre et le bois. Si Delphine Brabant apprécie la rigueur de la taille directe comme les surprises que les aspérités du bois révèlent, la couleur du plâtre ou le modelage de la terre, c’est qu’elle aime avant tout la matière et bâtir avec elle des constructions géométriques architecturées. Elle vit et travaille aujourd’hui en région parisienne.
« L’œuvre de Delphine Brabant inspire un sentiment proche de l’oxymore : une forme qui allie deux idées opposées et génère ainsi une force expressive. Cet oxymore s’illustre tour à tour dans une recherche de désordre en équilibre ou d’équilibre en désordre, d’enchevêtrements ordonnés, de stabilité précaire, de force fragile, de sensibilité rigoureuse, d’harmonie obsessionnelle. L’inspiration naît d’un assemblage de formes géométriques multiples, imbriquées les unes aux autres, donnant naissance à des lignes tendues et épurées dans un élan de construction, évoquant une architecture. C’est en effet par des jeux d’ombre et de lumière créés par l’alternance de vide et de plein que la forme entre en vibration, comme tendue par toutes ces forces contradictoires. L’utilisation de différents matériaux, plâtre, terre, béton, voire acier, participe à cette recherche sensible qui navigue entre force de l’évocation et douceur de l’illusion. Il se dégage de cette alliance de formes et de matériaux, une énergie quasi tellurique venant rejoindre une inspiration jamais très loin du spirituel. » Maïta Lucot
« Le Corbusier, fantaisie indienne » de Jean Pierre PORCHER
« Je pense que, si l’on accorde quelque chose à mon œuvre d’architecte, c’est à ce labeur secret (la peinture) qu’il faut l’attribuer » Le Corbusier
Au-delà de l’architecture, Le Corbusier est avant tout un peintre dont la peinture fut le « creuset » de son architecture et dont les créations formaient « une seule et même manifestation d’une harmonie stimulante ». Riche de 450 toiles et de plus de 7000 dessins, son travail exprime une intense recherche présente dans ses œuvres architecturales. C’est cette synthèse des arts, revendiquée par Le Corbusier, qu’illustre Jean Pierre Porcher en créant une résonance entre peinture et architecture. Le photographe déambule dans les espaces de Le Corbusier comme à travers des tableaux et il photographie les tableaux du maître comme des œuvres architecturales. Sa vision surprend par cette réciprocité dans laquelle angles et lumières offrent une nouvelle perception des bâtiments. La multiplicité des points de vue crée une polyphonie, combinaison de plusieurs voix indépendantes pourtant liées les unes aux autres dans une compréhension de l’harmonie des contours et des formes.
Jean Pierre Porcher poursuit ici son itinéraire en Inde, à Chandigarh et à Ahmenabad en portant un regard croisé sur les architectures indiennes de Le Corbusier et son oeuvre picturale.
L’indépendance de l’Empire indien en 1947 conduit à la partition de l’Etat du Pendjab entre l’Inde et le Pakistan. Le Pendjab indien est désormais séparé de son ancienne capitale Lahore. Nehru demandera à Le Corbusier de construire Chandigarh, littéralement « lieu de la déesse du pouvoir ». L’architecte y verra l’opportunité de construire une ville du futur, incarnant l’esprit nouveau qu’il souhaite développer, notamment en prenant en compte les déplacements du promeneur dans l’espace.
Sous l’œil de Jean Pierre Porcher, la lumière de Chandigarh devient matière et magnifie les couleurs indiennes. Les relations entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment sont modulées par les ouvertures. Les ombres s’interpénètrent et distillent l’émotion. Les couleurs révèlent les formes et leur symbolique et se conjuguent en miroir avec les fragments des toiles de l’architecte. Sensible au mouvement, son travail photographique fait entrer dans un univers poétique où se croisent réel et abstraction. Par le biais de poses lentes et d’une mobilité maîtrisée, le photographe saisit l’instant et ouvre un monde aux effets inattendus. Le modelé s’adoucit, les formes sont renouvelées vers une esthétique de l’immatériel. Le mouvement photographique se situe ainsi entre la ligne et le volume, le contour et la densité, la réalité et l’esthétique symbolique. La matière brute ne détient pas seule une forme de vérité. Une présence demeure par-delà le visible et révèle le signe d’un mystère dans un jeu de correspondances infinies.
(Jean Pierre PORCHER développe depuis 2009 un travail sur l’univers architectural de Le Corbusier. Cette approche, soutenue par la fondation Le Corbusier, a donné lieu à plusieurs expositions en France et Suisse, notamment à la Maison de l’Architecture à Paris et chez Artcurial.)
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