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EXPOSITION "PNEUMA" du 10 au 23 mars
ARNOUX - TREMSAL GARILLON : une pureté de la forme qui renvoie à une utopie, une vision de l’homme porteuse à la fois de son mystère et de son désir d’un autre avenir... d'un côté. Et les élans continus et maîtrisés d’une figuration de réalités abstraites à la croisée de l’espace, des couleurs et de la lumière, de l'autre.
Robert ARNOUX
Formé à l’atelier Pierre Soulages de Charenton où l’artiste a longtemps vécu, Robert Arnoux conçoit des personnages aux formes épurées dont la force de présence surprend. Le sculpteur crée des formes organiques inspirées de celle de l’univers : la parfaite rondeur des astres, la courbure de la ligne d’horizon, des « formes » comme façonnées par l’érosion. L’artiste a cherché à simplifier la représentation de l’homme pour aller vers une quintessence de l’humain, en inventer un nouvel archétype. Car au-delà de leur apparence humaine, ces sculptures disent plus que cela, elles intègrent notre humanité toute entière. En allant à l’essence de la forme, Robert Arnoux nous fait toucher l’essence de l’être. Cette recherche de la pureté de la forme renvoie à une utopie, une vision de l’homme porteuse à la fois de son mystère et de son désir d’un autre avenir. Que les œuvres soient installées seule ou en groupe, elles s’emparent de l’espace, l’irradient de leur présence. Elles insufflent un soupçon d’âme et de mystère dans le lieu qui les accueille. Elles interrogent l’homme dans ce qu’il a de plus beau, au-delà de ses tourments, de ses faiblesses, de ses contradictions, Car ces sculptures douces et silencieuses contiennent aussi en creux la violence du monde. Ses personnages nous évoquent un homme tendu vers demain, un homme libre et aimant dans une société apaisée. Et quand elles sont réunies ensemble, ces sculptures nous murmurent « Regardez ce monde dont vous portez le rêve, cette civilisation de l’après, ces hommes, ces femmes et ces enfants qui seraient vraiment grands même en étant petits ».
Tel un créateur de mode, Robert Arnoux habille ses formes universelles de parures diverses qui vont de la beauté minérale de la fresque (technique ancestrale qu’il a adaptée à la sculpture) aux micas doré ou rose du Brésil en passant par les feuilles d’arbre ou la phosphorescence. Avec lui, nous découvrons qu’ainsi parés, ses personnages racontent à chaque fois une nouvelle histoire qui n’est autre que la nôtre.
Annie TREMSAL-GARILLON : Artiste transversale
Annie Tremsal Garillon aime la polyphonie vocale du XIIIe siècle, la voix a capella. , la musique contemporaine, Le silence et Arvo Pärt. En littérature, ses livres de chevet sont aussi bien « Vide et plein » de François Cheng que les poèmes de Charles Juliet et les philosophes Michel Henry et Bertrand Vergely. La philosophie est une « manière de me mettre en ordre intérieurement » souligne l’artiste. Elle peint et elle grave depuis plus de 20 ans et quand on la rencontre, elle commence à parler non pas de peinture mais de musique, de philosophie et de poésie. Elle a beaucoup lu Henri Maldiney « Ouvrir le rien, l’art nu » et Marc Halévy philosophe du « taoïsme ». Les noms des peintres qu’elle apprécie viennent ensuite, eux aussi dans le désordre, chevauchant les époques et les styles. De l’art des Cyclades à Soulages en passant par Fra Angelico et Vermeer, elle établit des passerelles que l’on retrouve dans ses peintures et dans ses rencontres dont elle dit qu’elles l’aident à « naitre à elle-même et au monde ». Et ses goûts reflètent une dimension essentielle de sa personnalité : elle a horreur des cases et de l’enfermement dans les mots et dans une pratique artistique ou un champ de connaissances qui en exclurait un autre. Cette femme discrète, en rondeurs et en douceurs n’aime pas les discours convenus. La meilleure illustration en est son approche de la culture chinoise qu’elle vit depuis une quinzaine d’années loin de l’exotisme. Elle voyage beaucoup et son agent chinois qui l’a exposée dans des galeries principalement à Shanghai et à Pékin est également son ami, un qualificatif à ne pas prendre à la légère en Asie… Ses séjours chez les nomades du désert pendant plusieurs mois sont un autre élément fondateur de sa démarche qui la conduit à se dépouiller du superflu.
De la Chine et du désert, elle retient la nécessité impérieuse d’aller au delà des apparences, de s’enfoncer dans l’essentiel, loin du discours, dans les lieux insoupçonnés du « soi même ». Rien d’étonnant donc si ses couleurs fétiches sont le blanc et le noir et sa forme de prédilection le carré. Elle conjugue ce dépouillement formaliste avec des recherches sur des matériaux, fabriquant des supports en acier brut laminé à chaud pour ses diptyques. Rien de surprenant non plus si sa trajectoire artistique fait fi de tout dualisme et de toute forme d’opposition entre les expressions artistiques et entre les cultures pour, en partant justement de l’opposition (ombre et lumière, nuit et jour) aboutir à une forme d’unité sans forcer le temps nécessaire à la gestation. « Il y a un malentendu fondamental avec le Yin et le Yang revisités par les occidentaux qui les opposent en obérant le vide médian » explique t-elle. Son refus des convenances se ressent aussi dans l’appréhension de son environnement : elle vit dans la montagne vosgienne avec un grand atelier presque à « ciel ouvert » et elle évoque l’importance de l’espace dans son travail rythmé par le trait. La musicalité de l’espace imprègne l’ensemble de son œuvre qu’il s‘agisse des peintures et des gravures où le blanc et le noir règnent en souverains dans le silence d’un absolu sans nom et sans frontières. Brigitte CAMUS, critique d’art
Il y a le Ciel. Il y a la Terre. Et puis il y a les lieux de leur rencontre… Leur croisée, comme on dit : « la croisée des chemins ». Le ciel, qui est plein de lumière, dit l’esprit accompli. La terre, sombre, dit l’inaccompli. Elle porte en elle les germes, les possibles. Il faut que ce qui est dans le ciel se réalise sur la terre, nous est-il enseigné. Il faut que l’inaccompli s’accomplisse et que la terre devienne un ciel. Annie Tremsal-Garillon, depuis des années, se tient à la croisée des chemins de la terre et du ciel, de l’accompli et de l’inaccompli. Ses tableaux déclinent la croisée des choses. Croisée de l’espace, partagé entre hauteur et profondeur. Croisée des couleurs et des lumières, mettant parfois l’obscur sous le clair ou, à l’inverse, le clair sous l’obscur. Pour rappeler que tout vient de l’accompli ou que l’inaccompli en train de muter est notre avenir. Un tableau d’Annie réconcilie modernité et tradition. Il faut ne plus voir pour réapprendre à voir, ont dit les modernes. La modernité est retour à l’invisible et non pas destruction du visible. Le monde, l’homme viennent d’au delà du monde, d’au delà de l’homme, nous dit la tradition. Il faut aller au delà du présent qui nous mobilise pour rencontrer le réel. La tradition est relation à la réalité. Tout artiste est un réveilleur d’énergie. Les vieux maîtres de la peinture chinoise savent parler de l’énergie, de la vie à travers le calme d’un lac figuré en quelques traits. Ils savent parler de l’invisible à travers le visible. Mieux, ils savent faire plonger le regard dans l’invisible. Un tableau d’Annie murmure les dimensions qui traversent l’homme et le monde. Bertrand VERGELY, philosophe, chercheur en philosophie au CNRS, écrivain
Une démarche humaine et picturale à méditer
Chacune des œuvres d’Annie Tremsal Garillon vibre de sa vie propre et puissante, délivrant une énergie et une émotion à qui prend le temps de contempler. Fuyant l’anecdotique et le décoratif, l’artiste poursuit sa quête dans de grandes toiles inspirées, au ton incisif et aux mouvements puissants, dont la dimension spirituelle est le souffle. « Pas d’âme sans corps, pas d’esprit sans matière » chez l’être authentique dont la main « transmet sur la toile ce qui la traverse » et où l’usage des outils picturaux obéit avant tout à une nécessité intérieure. Pigments et or, fluidité, transparences, épaisseurs, coloris forts ou délicats, construisent ici les élans continus et maîtrisés d’une figuration de réalités abstraites. L’architecture des tableaux d’Annie Tremsal Garillon est soutenue par les lignes de force telluriques d’une vie intériorisée, affleurant sur la toile comme une respiration. Musique indicible d’un mouvement exigeant qui enveloppe, ouvre et interroge avec autant de rugosité que de douceur - le blanc - « l’art nu » - lieu sacré et mystérieux où l’artiste convie notre regard. Anne BRANDEBOURG, critique d’art
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