expositions


EPIDERME, exposition du 3 au 16 novembre 2016, BRUNO DUFOUR COPPOLANI - VICENTA VALENCIANO
Lorsque la peau fait signe c'est toujours pour inquiéter ; suspecte elle n'a jamais été une question picturale...
CROIRE POUR VOIR : « La peinture est une forme d'incantation. Elle consiste à faire, puis refaire et refaire encore, afin que quelque chose apparaisse qui soit digne d'être montré. La question du peintre est alors la suivante : Peut-on voir plus ? En cela l'acte de peindre est un acte de foi. Il n'est plus tant question de voir pour croire - ce qui serait conforme au bon sens et à la raison - mais bien de croire pour voir. Emporté par la certitude que sa pratique finira bien par lui révéler quelque mystère du monde, l'artiste pense qu'il finira par voir. Son espérance est la condition de sa découverte. Tout chercheur procède de la même façon et peu importe la nature de ce qui apparaîtra... La peinture est une attente. Sans ferveur elle ne peut être exaucée. Pour entrer dans l'énigme de la peau, il m'aura fallu d'abord questionner l'usure et l'archéologie des surfaces pour arrimer le temps. Il aura fallu que la commande d'un Chemin de Croix me rapproche du corps ; que les quatorze stations se muent en une suite gériatrique pour que le devenir trouve ses marques. Il y a de la beauté dans les rides. Au clair-obscur qui nous livre la forme, j'ai ainsi préféré montrer la peau qui nous dit la finitude. La peinture et la peau ont ceci de commun qu'elles disent en surface ce qui est plus profond. Symptômes l'une et l'autre, elles sont inquiétude. Rendre leur peau aux figures immortelles c'est sans doute les rendre mortelles mais c'est aussi les rendre vivantes. »
ÉPIDERMES : « Lorsque la peau fait signe c'est toujours pour inquiéter ; suspecte elle n'a jamais été une question picturale. Elle est pourtant ce que l'on voit. On a pu parler d'incarnat pour en approcher la teinte, ou de clair-obscur pour en signifier la forme. Mais la peau est un composé, pas une couleur ; elle est un processus, pas une forme. A l'atelier, pour l'aborder, il faut en conséquence s'ouvrir au phénomène. Il faut rendre leur place aux événements et provoquer les accidents. La matière sablée et ses agglomérats, les interactions chromatiques, les glacis, la stratification des couches, la migration naturelle et aléatoire des pigments …, constituent la base expérimentale. Des protocoles sont ensuite retenus pour que les réactions picturales se fassent réactions cutanées. In fine la surface menacée rend sensible ce qui menace le corps. Elle est enfin diagnostiquée par un médecin dermatologue …
Alors, naturellement, dans mon parcours, le regard porté sur la vieillesse s'est ouvert au domaine clinique. Dans la série des Fragments légistes j'isole la figure dans un blanc aseptisé. Le rapport fond/forme, qui d'ordinaire articule la proposition picturale, devient un champ opératoire pour examen clinique. Ne s'agit-il pas depuis toujours de voir plus ? Nous savions que la représentation était dépassée. Il ne s'agit pas ici de la remplacer par son objet – c'est là tout le travail du contemporain qui s'épuise dans ses tautologies – mais de rendre sensible le processus lui même, un équivalent du phénomène. Et puisqu'il s'agit d'art autant le questionner sur son propre terrain. La Jeune fille de Petrus Christus (XVe) fut la première victime de mes expériences. Elle est devenue Jeune Fille Mortelle. La vierge à l'enfant de Bellini, si belle et éternelle, devient à son tour Vierge Mortelle, et retrouve son humanité. En revisitant Mapplethorpe chez qui le noir et blanc photographique esthétise le noir et blanc ethnique, j'oppose la question de la peau à celle de la couleur. Ces citations questionnent la peinture. Elles renouvellent le portrait qui, s'éloignant de la forme, se rapproche du visage. Si le portrait renvoie à l'identité, le visage invite à l'humanité." Bruno Dufour-Coppolani
LIQUID PAINTING : « Profondément inspirée de l’idée de Liquid Modernity de Zygmunt Bauman, sociologue qui décrit la métamorphose de la modernité́ passant d'une phase solide à une phase liquide, où les individus ont perdu toutes références solides et doivent devenir de plus en plus et instantanément adaptables, je transgresse physiquement la nature de la peinture pour qu’elle suive la même évolution. Mes Liquid Paintings ont donc perdu la partie qui pourrait leur donner leur « solidité́ », à savoir : le support. Il n'y a plus de toile, bois, papier ou autre pour garder la peinture en forme. Elles sont pures surfaces décollées, fines épidermes arrachées de leur corps, qui nous promènent dans le procèdé d’un tableau, du dessin initial et les premiers coups de pinceau, dévoilés de façon novatrice, jusqu’au tableau fini. Ces surfaces s’imposent en tant qu’objet et se proposent en tant qu’espace, fenêtre d’une pensée, paradoxes libres de s'accoupler à n'importe quelle forme sur laquelle elle repose ou de pendre seules.
Née à Palma de Majorque, j’aime les Arts et les Sciences depuis l’enfance. Après un diplôme en Génie Civil et beaucoup de réflexion, j’ai fait le saut vers les Beaux Arts et j’ai poursuivi des études à Central Saint Martins et fut diplômée en 2005. » Vicenta Valenciano
galerie caroline tresca
14, rue Servandoni - 75006 PARIS
du mardi au samedi, de 14H00 à 19H00
T +33 (0)1 43 26 80 36
M +33 (0)6 17 19 73 57
contact@galerie-caroline-tresca.fr